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Photo du rédacteurGilles Cosson

Islam

L’islam par Alain Besançon et Renan et l’islam par Laudyce Rétat : Commentaires , automne 2004


Superbe analyse par Alain Besançon des illusions entretenues par les syncrétistes de tous bords sur les soi-disant convergences entre les trois doctrines monothéistes ; rappel utile des différences irréductibles qui séparent l’islam des autres religions du Livre.


Quant à Rétat, elle (il ?) souligne la sympathie ambiguë que porte Renan à l’islam, le monothéisme exalté de ce dernier, son côté tard venu et non évolutif, son côté « pétrifiant », les difficultés que rencontre l’islam à l’égard du développement de la science, l’indissociable union du spirituel et du temporel lui apparaissant comme une faute irrémissible contre l’esprit.


Omar Khayam : les Rubaïyat


Vision d’un soufi persan de l’extase sur cette terre dans laquelle le vin joue un rôle important : « c’est nous qui, aux yeux de l’intelligence , sommes l’essence du regard divin. Le cercle du monde est semblable à une bague, et sans aucun doute, nous en sommes le chaton gravé».


Bernard Lewis : l’islam


Sous la direction de Bernard Lewis, ce livre résume de façon magistrale la naissance et l’évolution de l’islam au travers des âges. Son histoire, sa civilisation, ses arts, sa littérature sont étudiés par zones géographiques, mais aussi au travers de synthèses qui se penchent sur la tradition mystique soufie, l’activité scientifique et les méthodes guerrières.


Dans les analyses géographiques, l’Espagne mauresque, la civilisation iranienne, la Sublime Porte, l’Inde musulmane donnent lieu à d’excellents développements.


Mais c’est l’analyse des problèmes que rencontre l’islam face à la modernité qui fournit les éléments les plus significatifs par l’examen de la confrontation des idées générales d’abord, mais aussi, pays par pays, des tentatives des réformateurs de venir à bout de la contradiction fondamentale sur laquelle bute tout musulman : comment concilier une foi qui a fixé une fois pour toutes le cadre de la vie spirituelle et profane avec l’intense créativité du monde moderne qui exige l’indépendance de la pensée.


« Le musulman moderne se trouve à un carrefour, enserré dans le manteau du passé, croulant sous le poids mort des siècles, hésitant à choisir telle ou telle voie… Alors il se trouve impuissant, il attend que l’on vienne le tirer de cette fondrière d’incertitude et de confusion… Seule une réorientation hardie de l’islam, afin de distinguer ce qui est vital de ce qui est mort, pourrait le préserver en tant qu’Idée universelle et faire du musulman un citoyen du monde actuel et futur, alors qu’il n’est plus aujourd’hui qu’une force incongrue, archaïque… » : rapport Munir, Pakistan, vers 1956. A noter que le renvoi aux pages les plus significatives est bien fait.


Jean-Jacques Walter : crépuscule de l’islam


Livre excessif par ses jugements péremptoires et méprisants à l’égard de l’islam, mais intéressants par ses nombreuses références au Coran, aux hadiths et à la théologie sociopolitique de l’islam. Voire en particulier la distinction entre sourates abrogeantes et abrogées (mansukhs versus nasikhs) , l’analyse du mensonge dans l’intérêt de l’islam (la taquia) et les précisions sur la notion de consensus si importante en terre d’islam(« d’après Mahomet, la communauté ne sera jamais d’accord sur une erreur »). La soumission toujours et partout avec ses conséquences politiques : « l’Allah musulman, tout puissant, isolé, arbitraire et souverain est en conformité avec un système de pouvoir dictatorial qui n’a aucun compte à rendre », tout cela n’est pas sans intérêt. Mais la violence de la diatribe, la détestation de la doctrine, détruisent la première impression et en arrivent à faire douter non seulement de l’objectivité de l’auteur, mais de la véracité même des faits évoqués.


Sophie Bessis : les Arabes, les femmes, la liberté


Une réflexion intelligente et bien documentée sur les causes de la régression observée en matière de condition féminine, reflet de la perte d’autonomie du citoyen arabe d’aujourd’hui :


« L’enfant arabe apprend tout au long de sa scolarité que sa religion est supérieure aux autres, que le reste du monde lui est hostile et constitué d’adversaires n’ayant pour objectif que de l’affaiblir pour compenser leur infériorité, qu’il est interdit de contester toute parole d’autorité et que l’inégalité de sexes se justifie par l’infériorité des femmes ».


« L’Islam politique n’est pas conservateur, il est réactionnaire ».


Critique du structuralisme anthropologique (la différence) et du relativisme.


« La liberté des femmes conduit inévitablement au délitement de toutes les valeurs et donc à la débauche sociale » : vision islamiste des choses.


Samir Kassir : Considérations sur le malheur arabe


Ce livre d’un Libanais écrivant en français vaut surtout par son analyse de la « nahda », le mouvement réformiste arabe, né au milieu du XIXème siècle, poursuivi jusqu’au milieu du XXème et qui s’est effondré sous le poids des échecs du socialisme à la Boumedienne, du nationalisme à la Nasser pour faire place in fine à l’islamisme d’aujourd’hui. L’analyse insiste beaucoup sur les facteurs géographiques et géopolitiques et pas assez de mon point de vue sur les causes proprement religieuses du sous-développement croissant du monde arabe.


À noter que le malheureux Kassir a été assassiné, malgré la modération de ses critiques à l’égard de la religion et de la Syrie.


Martine Gozlan : le désir d’islam


Réflexion sur le désir inavoué de tout individu de conjurer les terreurs qui l’assaillent par la soumission à une doctrine explicative : ce que j’ai appelé le « besoin de croire ».


« Voici le Livre. Il ne contient aucun doute ».


L’univers masculin de l’Islam, même s’il condamne officiellement l’homosexualité, l’encourage à sa façon par l’exaltation du monde des hommes et il appartient aux femmes de se dresser contre l’oppression du religieux qui est pour elles oppression tout court.


Voir en particulier la fin du livre qui exprime brillamment ces thèses (p. 120 et au delà )


« Nous vivons dans une société froide. L’Islam est perçu comme une communauté chaude ».


Le livre est de grande qualité, parce que faisant sa juste place à la poésie.


Massignon : « les Chrétiens ont l’amour, les Juifs l’espérance, les Musulmans la foi »


Isabelle Eberhardt : «En cette heure bénie, les doutes étaient morts et oubliés. Je n’étais plus seule en face de la splendeur triste des mondes».


Garaudy : «Seul l’islam peut endiguer l’individualisme et ressusciter deux dimensions perdues : la transcendance et la communauté».


Mohamed Charfi : Islam et liberté


Un esprit remarquablement clair et didactique : excellent livre.


Le Baath : ne pas oublier que son but premier était l’unification de la nation arabe, mais syriens (Omeyades) et Irakiens (Abassides) ne pouvaient s’entendre sur le leadership.


Sadikiens et Zitouniens


Frères musulmans : Hassen el Banna


Pourquoi abandonner l’esclavage et non la polygamie ?


Ijmaa : consensus des uléma


Enchaînés au passé : prison collective


Mutazilites : pourchassés dès le 9ème siècle


Mahmoud Taha, exécuté au Soudan pour avoir dit : sourates mecquoises vrai fond du message ; refus des sourates abrogeantes : voir le verset 106 de la sourate II : « la vache » : « Nous n’abrogeons aucun verset de ce livre ou l’effaçons de ta mémoire sans le remplacer par un autre meilleur »


On n’a jamais que la liberté que l’on est capable d’assumer (Etchegarray).


Le clergé de l’islam (les ulema) est imbriqué dans l’administration étatique.


Les peuples musulmans n’ont jamais rêvé que d’un despote juste.


C’est par l’école que l’intégrisme peut et doit être combattu.

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