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Photo du rédacteurGilles Cosson

L’islam face à la caricature du divin

Débat à l’Université Paris VIII, avec François Boespfug


Ce sujet brûlant va nous amener à une interrogation fondamentale sur la nature et la présence du sacré dans l’islam et les conséquences qui en découlent.


Il ne paraît pas absurde de dire que dans l’islam, le sacré représente une composante de la vie sociale et personnelle exceptionnellement forte. Ceci sera notre première partie. De plus, l’existence même de l’image et à fortiori de l’image sacrée est largement prohibée dans l’islam, en particulier sunnite, ce qui rend le terrain particulièrement délicat dès lors qu’il s’agit de caricaturer en quelque manière le divin : deuxième partie. Enfin nous nous poserons la question de savoir si une évolution est envisageable et dans quelles conditions : troisième partie.


I – Les origines : le sacré dans l’islam : conséquences sur la caricature


a – L’Arabie du VII ème siècle


Un terrain agité et peu structuré. Mélange de cultes divers et souvent idolâtres. Peu d’images, encore moins de sculptures. Quelques « idoles », en particulier d’origines gréco-romaines et des « pierres debout ».


La situation politique : violences tribales


La situation économique : importance du commerce caravanier avec circulation des idées.


L’influence juive est réelle: plusieurs tribus pratiquent le judaïsme.


Faible influence de la tradition spéculative grecque : absence de tradition critique, d’ailleurs générale chez les peuples du Moyen-Orient


b – Le Coran


La révélation de Mahomet : le Coran. Mahomet n’est qu’un transcripteur illettré qui opère sous la dictée de l’archange Gabriel qui lui transmet la parole de Dieu. Le Coran (livre « incréé » et non « inspiré » : diff. Avec la Bible) préexiste à la révélation de Mahomet puisqu’il est présent sur la « table gardée » depuis toute éternité.


Le Coran arrête donc l’histoire religieuse une fois pour toute et pour toujours.


Le Coran est donc le « livre saint » par excellence. Tout ce qu’il énonce est par essence sacré, toute critique sacrilège (Voilà le livre, il ne renferme aucun doute… : sourate 2, verset 2), mais il existe des contradictions internes fortes, liées en particulier aux deux grandes périodes de la Mecque et de Médine et ces contradictions vont gêner les docteurs de la loi.


D’où l’effort d’interprétation et de clarification du Coran avec la définition des sourates « abrogeantes » et « abrogées » d’ailleurs suggérée par Dieu lui-même :(dès que nous (Allah) abrogeons un verset, nous le remplaçons par un autre, meilleur ou semblable : sourate 2, verset 100 : numérotation occidentale), tout ceci aboutissant in fine à l’opinion généralement admise qui veut que, en cas de contradiction, les dernières sourates abrogent les précédentes. Mais le point est sensible et la discussion n’est jamais tout à fait close (ex. de la fameuse sourate : point de contrainte en religion).


c – Mahomet et les Hadiths


Beaucoup repose sur la vénération de Mahomet, de sa personne physique comme de ses faits et gestes. Il est le dernier prophète, le sceau de la révélation. Les hadiths (dits du prophète) forment, encore aujourd’hui, la base de la sagesse populaire musulmane où le Prophète demeure le “beau modèle”.


« Pour que vous sachiez quelle est ma place parmi les autres prophètes, imaginez un homme qui a construit une demeure qu’il a achevée et décorée, laissant seulement l’emplacement d’une seule pierre. Chaque fois qu’une personne y entre, elle dit : Quelle belle demeure ! Dommage qu’il manque cette pierre !


Je suis cette pierre. » (dits du p. : Youssef Sedik Actes Sud 97


« Personne d’entre vous n’aura la foi s’il ne m’aime pas plus que son père, ses enfants et toute l’humanité. ” (récit de Anas, Bukhari II 14)


La caricature de Mahomet est donc par extension aussi potentiellement explosive que la critique du Coran.


d – Conséquences


La complexité de l’héritage du Coran et davantage encore la laborieuse compilation des hadiths (publication de Bokhari :870) dont la collecte se poursuit sans discontinuer va se traduire par la nécessité de l’ijtihad : analyse critique (7ème à 10ème siècle en part.) qui va fonder la loi musulmane et se terminer par la « sunna », la tradition (vers l’an 900).


Ajoutons que toute question non résolue va donner lieu à examen et in fine à « consensus ». Les Occidentaux que nous sommes ont du mal à comprendre l’importance de cette notion de « consensus » qui fonde le droit musulman et qui affirme très clairement que la communauté musulmane ne peut être d’accord sur une erreur. Dès lors que le consensus existe, il a force de loi et ne saurait être contesté.


Le Coran et les Hadiths légifèrant dans le domaine séculier, pratique aussi bien que politique, ce dernier se trouve ainsi « sacralisé » et donc « sanctuarisé ».


Résultat : la Sunna bloque définitivement l’interprétation et fige la société musulmane dans l’immobilisme politico-religieux. Quelque temps encore, discussion : exemple des Omeyyades d’Andalousie et bien sûr d’Averroès, mais œuvres brûlées. Méfiance à l’égard de l’innovation : « bida ». Hypersensibilité à l’égard de toute critique (à fortiori caricatures).


En matière d’explication de cette hypersensiblité, je soumets à votre appréciation.


3 pistes de réflexion :


  1. Syndrome des origines On peut se poser la question de savoir s’il ne s’agit-il pas d’un reflet des contradictions internes initiales du Coran et des Hadiths, difficilement surmontées par les docteurs et verrouillées par la suite : différence avec la religion juive et la chrétienne où l’effort d’interprétation n’a jamais cessé (tradition juive et grecque : influence des néoplatoniciens, tradition exégétique, linguistique, épigraphique etc. des études bibliques etc.) et à fortiori avec les religions orientales qui acceptent globalement le monde tel qu’il est..Le Musulman vit dans un univers où la loi religieuse est omniprésente, mais où l’exercice de la liberté est réduit à due concurrence...

  2. Syndrome de la ruche Le Coran enveloppe le Musulman d’un cocon protecteur (confort moral). Tout y est prévu et le ciel attend le croyant. Rappelons-nous Isabelle Eberhardt à l’heure de sa conversion à l’islam: « En cette heure bénie, les doutes étaient morts et oubliés. Je n’étais plus seule en face de la splendeur triste des mondes ». Plus le cocon est englobant, plus une attaque est ressentie comme inacceptable. Pour dire les choses autrement : tout système parfait s’expose à une épreuve mortifère dès que le réel le contrarie…

  3. Syndrome de l’offense au pouvoir La caricature est toujours une transgression. Religieux et politique étant intimement liés en islam, la caricature du religieux est perçue comme une atteinte à l’ordre social, le plus souvent géré par des régimes autoritaires. Or la soumission est le fondement même de la religion et le Coran y revient souvent : « Obéissez à Allah, obéissez au prophète et à ceux qui ont autorité sur vous », sourate 4, verset 62 . Ce n’est sans doute pas un hasard si la démocratie, au sens où nous l’entendons, a tant de mal à s’implanter en terre d’islam. Les régimes locaux se sentent dès lors obligés de réprimer ce qui leur paraît une atteinte à leur pouvoir.


Conclusion


Tout étant révélé et objet de consensus au travers de la sunna, l’islam supporte très mal la contradiction et encore moins la caricature : la critique des Textes est extrêmement difficile voire risquée pour ceux qui s’y prêtent (voir les annexes de ma « Lettre »). A fortiori, la caricature du divin est perçue comme sacrilège et blasphématoire.


II/La question des images dans l’islam (l’aniconisme): conséquences sur la caricature


a – L’image en général


Le rapport de l’islam avec l’image est complexe


Le consensus n’est pas parfait sur la question de l’art figuratif, mais presque parfait sur la question de la représentation du divin


Les prescriptions du Coran et des Hadiths : à travers les images, c’est la lutte contre l’idolâtrie qui est en cause.


1/ Le Coran


Peu de sourates se rattachent à la question. Néanmoins :


« Ô croyants ! Le vin, les jeux de hasard, les statues [ou « les pierres dressées », selon les traductions…) sont une abomination inventée par Satan ; abstenez-vous-en et vous serez heureux. » (Coran, V, 92 ou V, 90 selon les versions)


« Abraham dit à son père : prendras-tu des idoles pour dieux ? Toi et ton peuple vous êtes dans un égarement évident. » (Coran, VI, 74)


Ces extraits, parmi les plus significatifs du Coran en ce qui concerne les images, nous montrent plusieurs éléments:


  • L’islam refuse nettement le culte des idoles, et donc la représentation de Dieu.

  • Dieu est considéré comme le seul créateur (Musavvir en arabe, le même mot est utilisé pour « peintre ») car le seul capable d’insuffler la vie. L’artiste ne peut donc être car Dieu ne peut accepter de rivaux. Néanmoins et comme le fait remarquer Silvia Naef, chercheuse spécialisée dans la question de l’image en Islam, « il serait ainsi difficile de trouver, dans le Coran, une « théorie de l’image » ou, du moins, une position bien définie à ce sujet. » [1] On n’y trouve rien de semblable à la très forte phrase de l’Exode (XX, 4) « tu ne te feras pas d’idoles, ni aucune image de ce qui est dans les cieux, en haut, ou de ce qui est sur terre, en bas, ou de ce qui est dans les eaux sous la terre. »


2/ Les Hadiths (dits du prophète)


  • « J’ai acheté un coussin avec des images dessus. Quand l’apôtre d’Allah (Mahomet) l’a vu, il est resté à la porte et n’est pas entré. J’ai remarqué un signe de dégoût sur son visage. […] L’apôtre d’Allah dit : – Les fabricants de ces images seront punis le jour de la résurrection. On leur dira : “mettez la vie dans ce que vous avez peint. ” (récit d’Aisha, Bukhari XXXIV 318)


  • « Un homme vient voir Ibn ‘Abbas. Il dit : je suis peintre. Donne moi ton avis à ce sujet. [Ibn ‘Abbas] lui dit : je t’informe de ce que j’ai entendu dire par le Prophète (…) : tout peintre ira en enfer. On donnera une âme à chaque image qu’il a créée et celles-ci le puniront dans la Géhenne. [Ibn ‘Abbas] ajouta : si tu dois absolument en faire, fabrique des arbres et tout ce qui n’a pas d’âme ».


Plus ou moins grand rigorisme selon les traditions locales et les influences extérieures :


Evolution (un mot) en Arabie, Perse chiite, Turquie, Inde moghole


b – La représentation de Mahomet et des personnages saints


Un problème « aggravé » si besoin était concerne les représentations à caractère religieux. On considère la plupart du temps que les saints, les prophètes et les imams ne peuvent être représentés en Islam, avec de rares exceptions.


Ce n’est donc pas dans l’espace religieux qu’il faut chercher des figurations de personnages saints, mais dans des ouvrages profanes, comme des textes poétiques ou historiques.


Il n’existe pas de représentations religieuses dans la peinture arabe: celles-ci n’apparaissent que dans les mondes turcs et persans. Il faut moins y chercher une raison religieuse (même si les iraniens sont à majorité chiites, ils ont a peu près les mêmes idées en ce qui concerne l’image), mais historiques, politiques et sociales.


Ces représentations religieuses apparaissent tout d’abord dans la peinture persane des XIIIe-XIVe siècles. Les premiers manuscrits persans illustrés connus datent d’ailleurs de cette période. Certaines des illustrations figurent ainsi des thèmes musulmans comme la naissance de Mahomet ou Mahomet à la kaaba, ou encore des thèmes empruntés à la Bible et reconnus par les musulmans, dont deux belles illustrations de la légende de Jonas et la baleine.


Dans le monde Timuride comme chez les Safavides et les Qajars, les représentations de Mahomet et des autres saints se multiplient. Elles apparaissent aussi en Turquie ottomane à partir du XVe siècle. (manuscrit enluminé : vie de Mahomet : musée des arts islamiques Istanbul)


Plusieurs éléments sont fréquemment employés pour représenter les personnages saints. Ils sont tout d’abord auréolés de flammes (sauf dans de rares exceptions). Dans la première moitié du XVI ème siècle apparaît l’utilisation d’un voile pour masquer le visage de ces représentations, qui se généralise au XVII ème siècle, puis au XIX ème, les visages ne sont tout simplement plus peints.


c – Conséquences sur la caricature du divin


Le rigorisme général à l’égard des images et plus encore des images saintes est à nouveau aggravé en matière de caricature : ajoute au problème de la représentation celui de l’atteinte à la foi. La caricature du divin est donc purement et simplement sacrilège et ceci à tous les niveaux. Elle est d’ailleurs plutôt rare, même chez les autres religions, encore que Juliette Delabarre rapporte un cas de caricature dès le douzième siècle dans un recueil de textes sur l’islam rassemblé par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny et comportant une traduction du Coran. Mais l’islam était à l’époque souvent perçu comme une simple hérésie.

Peu de changement aujourd’hui: variable selon les lieux, mais grande sensibilité des masses populaires dans des pays ou la plupart du temps la liberté de penser est réduite et où toute caricature est donc de façon générale perçue comme une insulte.

III/ Une évolution est-elle possible, est-elle souhaitable, est-elle inéluctable ?


a – Possible ?


Mahomet et la « table gardée » : toute innovation est très difficile, nous l’avons dit. L’interprétation métaphorique du Coran est perçue comme sacrilège. Tout est pris « au pied de la lettre ». Exemple : rôle minoré de la femme avec non ratification de la convention de Copenhague. L’islam a indiscutablement un problème avec la modernité et l’affaire des caricatures n’en est qu’une illustration. Pourtant tout ce qui est figé est contre nature et engendre inévitablement violence et déclin : or la pression est de plus en plus forte. La plupart des intellectuels et les élites le savent bien, mais risque pour eux : violence populaire (Salman Rushdie, décapitation, pendaison diverses en Arabie Saoudite, au Soudan et ailleurs), d’où large démission avec quelques exceptions.


b – Souhaitable ?


Je vais maintenant poser une question volontairement provocatrice : l’évolution est-elle souhaitable ? Reconnaissons ensemble que la prégnance du sacré dans les actes de sa vie quotidienne donne au musulman une force indiscutable, qu’elle ennoblit en quelque sorte la vie des plus pauvres, qu’elle permet à ces derniers d’affronter les vicissitudes de la vie l’espoir au cœur. La désacralisation a atteint en Occident un niveau tel qu’elle laisse beaucoup d’êtres humains désemparés devant l’existence. Si la religion a pu être qualifiée d’opium du peuple, elle est parfois aussi son réconfort. La plupart des hommes ont besoin d’un guide (cf. Eberhardt) Dans cette mesure, la révolte à l’égard des caricatures du divin peut être considérée comme saine : il n’y a pas si longtemps, les Chrétiens se seraient indignés (et parfois s’indignent encore) devant les atteintes à l’image du Christ…


c – Inéluctable ?


Pourtant l’évolution est inéluctable. Nous entrons à l’évidence dans une ère d’immenses changements (information, globalisation, aventure spatiale…) qui va tout relativiser, y compris des traditions religieuses estimables, mais vouées comme toute croyance humaine au dépassement, je dis bien dépassement et non reniement. Rien, absolument rien n’est immortel dans ce monde : l’histoire religieuse pas plus que le reste : Un changement radical de perspective est inéluctable et l’émergence d’une spiritualité nouvelle est indispensable. (voir mes quatre essais consacrés à la question : « Vers une nouvelle spiritualité », « Lettre à un ami musulman », « Eclats de vie », « L’esprit qui Veille » cf. Amazon.com) Tout ceci devrait reléguer le problème de la caricature du divin à un rôle accessoire.


Dans l’immédiat et pour préparer la suite, il faut réinscrire le Coran dans l’histoire; la caricature peut-elle y aider ?


Faut-il éviter toute provocation, voire pratiquer l’autocensure ? C’est une question. Position personnelle, je ne crois pas : la liberté de pensée ne se partage pas même si nous devons admettre que l’échelle des valeurs varie selon les civilisations. Nous avons tous un rôle à jouer, avec respect certes, mais fermeté. C’est Voltaire défendant pour le pricipe le chevalier de la Barre.


Compléments et Annexes


I/ Rôle de la femme


1/ Coran


La femme dans l’islam est inférieure à l’homme en droit et en dignité (sourate 2, verset 228, sourate 4, verset 38). Dans l’héritage, elle a une demi part, en justice un demi témoignage, elle peut être répudiée à la seule discrétion du mari. Le code unifié établi par la ligue arabe qui représente le consensus musulman, stipule dans son article 20 que « la femme ne se marie qu’à l’initiative et sur décision du tuteur matrimonial », etc., etc.


2/ Hadiths


Le prophète a dit : « J’ai pu considérer le feu (l’enfer) et voir que la majeure partie de ses habitants sont des femmes » (Boukhari)


« La perfection a existé chez un grand nombre d’hommes. Mais il n’y a pas eu de femmes parfaites » (Boukhari)


« Le témoignage d’une femme n’est-il pas la moitié du témoignage d’un homme ? Certes oui, répondîmes-nous. Cela, reprit-il, tient à l’infériorité de son intelligence » (Boukhari)


« La femme a été formée d’une côte et elle est tordue comme une côte. Si vous tentez de la redresser, elle casse. Alors, laissez-la être tordue et jouissez-en comme d’une tordue » (Muslim, 8, 37, 3466, 3467 et 3468)


II/ Question des images


I/ “ Aisha raconte qu’elle avait suspendu un rideau avec des images sur un meuble. Le Prophète a déchiré le tissu et elle en a fait deux coussins qui sont restés dans la maison pour que le Prophète puisse s’asseoir dessus. ” (récit d’al Qasim, Bukhari XLIII 65


“ Aisha avait un rideau épais (avec des images) et elle a caché une partie de la maison avec. Le Prophète lui a dit : – Écarte-le de ma vue, parce que ses images viennent à mon esprit pendant mes prières. ” (récit d’Anas, Bukhari LXXII 842)


note 52 Boespflug


II/

A- Il y a consensus d’opinion sur l’interdiction des idoles et des statues, comme le rapporte notamment Qâdhi ’Ayâdh r.a.


B- Il est permis de produire ou d’acquérir une image représentant quelque chose d’inanimé (arbre, paysage…), à condition que cette chose ne soit pas l’objet d’un culte pour une quelconque religion.


C- Il est permis de garder des images d’êtres animés, si elles sont de très petite taille, comme c’est le cas sur les pièces de monnaies par exemple.


D- C’est au sujet des images représentant des créatures animées (homme, animal) que les avis entre les savants divergent :


Si une image de ce genre est placée à un endroit où on ne lui accorde aucune considération (sur un tapis par exemple…), selon l’avis d’une bonne partie des oulémas, il est permis de la conserver, comme le rapporte l’Imâm An Nawawi r.a. dans son commentaire du Sahîh Mouslim.


Et si elle est placée ailleurs (sur un rideau, un vêtement ou accrochée au mur par exemple…), alors selon les savants des écoles hanafite, châféite et hambalite, il n’est pas permis de la garder. Mais d’autres savants (dont une bonne partie des oulémas de l’école mâlékite) pensent au contraire que, même dans ce genre de cas, il est permis de garder de telles images sous certaines conditions :


  • l’image ne doit pas représenter une divinité ou une créature à laquelle un culte est voué.

  • l’image ne doit pas être le produit d’un artiste qui cherche par son geste à imiter la création de Dieu.

  • l’image ne doit pas non plus avoir pour but de glorifier ou de vénérer une personnalité humaine.


(Certains des savants qui partagent cet avis pensent que les images n’étaient pas permises au début de l’Islam, puisqu’elles ont été autorisées, et l’interdiction n’est restée que pour les idoles et les statues.) En ce qui concerne la photographie…


Pour en venir maintenant à la question de la photographie, il est encore une fois évident que sur ce point aussi, les avis sont partagés, et ce, pour la simple et bonne raison que ce procédé n’existait pas à l’époque du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam). Pour pouvoir statuer sur la question, les oulémas ont eu recours au “Idjtihâd”.


Certains oulémas (c’est le cas notamment d’une bonne partie des savants indo-pakistanais ainsi que ceux d’Arabie Saoudite ; Cheikh Albâni r.a. était également de cet avis…) comparent la photographie à l’image dessinée, et la déclarent illicite si elle représente une créature animée (hommes, animaux…), sauf en cas de nécessité (Papiers d’identité…).


De très nombreux autres savants contemporains considèrent au contraire que la photographie n’est qu’un reflet de la réalité (à l’instar du reflet qui apparaît dans un miroir) et ne peut être comparée à une image dessinée. Selon eux, la photographie est donc permise, tant qu’elle ne montre pas quelque chose d’illicite. Cheikh Wahbah Zouheïli défend cet avis dans son ouvrage “Al Fiqh oul Islâmiy wa Adillatouh” (Volume 9 / Page 238).

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